Tout d'abord un grand merci à Patrick Réjou et à Julien Bosselut pour l'animation de cet événement, ainsi qu'à nos adhérents qui se sont déplacés et ont contribué au succès de cet échange.
Le réensemencement peut se planifier en mars, mais l'inoculum que l'on confectionne, peut s'utiliser lors de la mise en place de la plantation de la truffière.
Pourquoi réensemencer ? Parce que la reproduction de la truffe est une reproduction sexuée, et que l'apport de spores est une offre génétique additionnelle (de potentiels papas) que l'on fait. Il est utile d'encourager le brassage génétique toujours favorable à la vie, et donc de proposer des spores de T Mélanosporum d'origines différentes! (voir le lien https://planet-vie.ens.fr/thematiques/champignons/les-secrets-de-la-reproduction-de-la-truffe-du-perigord-bientot-perces-a très didactique).
Si vos arbres se sont associés avec de la T Brumale ou de la T Aestivum (truffe d'été), le plus sage est de respecter ce choix, et de vous régaler à chaque récolte. L'apport d'inoculum de T Mélanosporum a toutes les chances d'être infructueux. Comme toujours, en trufficulture, on reste prudent dans les affirmations, mais la compréhension des liens cellulaires entre la racine et le champignon rendent le succès très improbable.
En grammes? En millions de spores? Voilà des questions qui s'invitent et que Julien dissipe rapidement : "On peut prendre une moyenne (qu'il qualifie de basse) de deux millions de spores dans un gramme de truffe, et raisonnablement autour de 3.5 millions. Les préparations du commerce sont souvent calibrées en millions de spores. Une recherche rapide sur le WEB, et on trouve 50 millions de spores pour 34€, ce qui nous fait tout de même un prix de la truffe entre 1 360 et 2 420€ du kilo. Ce qui est plus élevé que le tarif de nos "extras" en pleine saison. En utilisant les ressources de l'association, on doit pouvoir trouver de la catégorie deux déclassée pour sensiblement moins cher.
Congelée, pas congelée? Patrick Réjou enchaine : "Les spores sont contenues dans une poche (une asque) qu'il est nécessaire de fracturer pour libérer les spores. La congélation, le passage au mixer aident à fracturer une partie importante des asques, mais 50% des asques de notre inoculum seront encore intègres lors de la mise en place. C'est sans compter sur tous nos alliés dans le sol, vers et autres mulots dont les tubes digestifs prolongeront l'efficacité de notre travail."
La chaleur est ennemie des parfums de la truffe à la dégustation, et également pour la préparation de l'inoculum : donc on broie les truffes avec de l'eau, et du sucre ou du miel ou de l'inuline (recherche WEB à faire). Le sucre est un apport énergétique qui va doper les spores et qui contribue indirectement à leur dissémination dans le sol par l'ingestion par nos amis.
Ce liquide est associé à la vermiculite, une argile neutre, (et blanche, très pratique à repérer dans le terreau noir), de sorte à obtenir un mélange qui ne s'agglomère pas. L'important est que chaque bille de vermiculite se charge en spores, en sucre et en eau.
Cette vermiculite inoculée est alors mélangée très soigneusement à une grande quantité de terreau, à l'aide d'un mélangeur à peinture, une bétonnière, quoique personnellement, je préfère retrouver les gestes du boulanger dans son pétrin.
L'inoculum obtenu est un grand volume de terreau parsemé de façon homogène des petites billes de vermiculite chargées de spores. On peut alors aisément piocher dedans avec un contenant qui nous permettra un travail simple, efficace et régulier dans la truffière.
J'ai pris le parti de ne pas encombrer la retranscription de la formation et des étapes de la fabrication de l'inoculum, avec les quantités. Je vous renvoie à la recette de Julien (PDF accessible dans les Pages Membres).
Notre temporalité est longue : l'effet du réensemencement sera effectif environ deux ans après, et son action n'est pas proportionnelle à la quantité de spores/grammes incorporée. Cinq grammes par arbre ne feront pas cinq fois plus de truffes qu'un, seul le coût sera proportionnel!
Faire des puits, des traits parallèles, en soleil? Faut-il respecter un alignement par rapport au soleil? La recommandation est d'observer comment on travaille sa truffière, et d'adapter sa technique de réensemencement. Rester à proximité du tronc des jeunes arbres, et s'en éloigner au fur et à mesure. Le ruissèlement des eaux et la vie sous-terraine vont de toutes façons disperser les spores après leur mise en place!
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